"Ce qui est nécessaire maintenant, c'est du réalisme et du pragmatisme", a-t-il lancé à l'adresse des ministres de l'Agriculture des dix pays dont l'adhésion est programmée pour 2004. Mais il a laissé clairement entendre que le pragmatisme devait être du côté des candidats. "Il est clair après les décisions du sommet de Bruxelles que toutes les revendications impliquant des dépenses supplémentaires seront très difficiles à prendre en compte", a-t-il dit, à l'issue de la rencontre. "La flexibilité est clairement limitée", a-t-il en particulier ajouté sur le chapitre des aides directes. "Nous n'allons pas changer le schéma de la progressivité des aides directes. N'oubliez pas quel combat cela a été pour parvenir à l'accord de Bruxelles", a-t-il dit. Dans un papier commun, adopté par leurs ministres des Affaires étrangères juste avant le sommet de l'UE à Bruxelles fin octobre, les dix avaient en particulier demandé que leurs agriculteurs puissent recevoir des aides directes égales à celles de leurs homologues de l'UE dès 2007. L'UE ne propose qu'une montée en puissance progressive qui débutera à 25% et qui ne s'achèvera qu'en 2013. M. Fischler a, en revanche, laissé de l'espoir aux pays candidats sur la question des quotas de productions négociés pays par pays, ou des aides nationales aux agriculteurs. Il a indiqué que l'Union européenne est prête à prendre en compte certaines situations spéciales pour les quotas, comme par exemple celles des pays Baltes longtemps tournés vers les marchés russes et donc victimes de la crise économique russe à la fin des années 90. Prévoyant que les pays candidats seront loin d'obtenir ce qu'ils demandent, M. Fischler a exhorté les ministres des pays concernés à préparer d'ores et déjà leurs opinions publiques aux résultats des négociations. "Ce n'est pas une tâche facile", a dit M. Fischler, "durant les négociations, cela fait partie du jeu d'exagérer la justesse de sa propre position et la déraison des autres. Mais à la fin, vous devrez expliquer que l'irraisonnable est devenu tout d'un coup raisonnable et représente même une victoire pour vous". "Maintenant, il faut réaliser ce que signifie l'appartenance à l'Union européenne: vos paysans seront mieux à l'intérieur qu'à l'extérieur", a-t-il ajouté. L'UE et les pays candidats ont désormais moins de six semaines pour boucler les négociations avant le sommet de Copenhague qui doit entériner l'élargissement de l'UE à 25 pays dans une Europe unifiée. La réunion de Prague était destinée à faire un état des lieux avant le démarrage des négociations techniques à Bruxelles. "Le vrai combat aura lieu à Bruxelles", a dit Franz Fischler, avant de demander aux candidats de ne pas jouer la montre. Il a prévenu que ceux qui ne voudront pas conclure dans le calendrier imparti risquent fort de se retrouver au bord du chemin. Quelque 300 agriculteurs tchèques ont manifesté dans la matinée devant l'hôtel où se tenait la réunion pour réclamer un traitement égal à leurs homologues de l'Union européenne (UE). "Egalité pour les porcs tchèques", pouvait-on lire sur une des banderoles brandies par les manifestants, munis de sifflets et de sirènes. Leurs représentants ont été reçus par M. Fischler. A l'issue de la rencontre, plusieurs ministres des dix ont affirmé qu'ils entendaient se concentrer sur une amélioration des quotas pour leurs pays durant les négociations. "Les quotas laitiers sont plus importants pour nous que les aides directes", a ainsi dit Jerzy Plewa, vice-ministre polonais de l'Agriculture. |